Cameroun – Présidentielle 2025 : Tchiroma piégé par ses propres chiffres

CAMEROUN/PRESIDENTIELLES 2025 : COMMENT LA PUBLICATION DE PVs TRUFFES D’ERREURS A DISCREDITER LE CAMP TCHIROMA DANS L’OPINION

Pendant que les Camerounais attendent, dans une atmosphère électrique, le résultat des urnes après le scrutin du 12 Octobre dernier, le candidat Issa Tchiroma Bakary a pris sur lui de publier un ensemble de procès-verbaux démontrant sa supposée « victoire ». Ancien ministre de la communication, puis ministre de l’emploi et de la formation professionnelle du Président sortant, Paul Biya, le président du FSNC a introduit un imbroglio dans l’opinion avec des chiffres discordants qui jettent désormais le doute à la fois sur ses déclarations de « victoire » et sa stratégie politique.

En effet, dans un communiqué publié ce dimanche 19 octobre, Issa Tchiroma détaille une stratégie destinée, selon lui, à “protéger la vérité des urnes”.

« Notre équipe de campagne diffusera dans les prochaines heures des tendances électorales basées sur les procès-verbaux signés dans les bureaux de vote et transmis par nos scrutateurs », affirme le candidat.

Il explique concentrer sa méthode sur 18 départements stratégiques représentant près de 80 % de l’électorat national. « En remportant ces 18 départements, la victoire nationale est garantie », précise le texte.

L’objectif est clair : appuyer ses chiffres sur des documents officiels collectés sur le terrain, afin de contester toute divergence entre les résultats publiés par la commission et ceux issus des PV de ses équipes.

« Chaque chiffre publié sera accompagné de preuves documentées pour éviter toute contestation », ajoute-t-il, appelant « la communauté internationale, les observateurs et le peuple camerounais à suivre attentivement ces tendances ».

Cette initiative survient alors que le Conseil constitutionnel du Cameroun reste la seule institution habilitée à proclamer les résultats définitifs, au plus tard le 26 octobre. Le gouvernement, de son côté, qualifie cette démarche de “sans valeur légale” et met en garde contre toute proclamation parallèle.

En outre, pour de nombreux électeurs, cette démarche a plutôt été perçue comme un effort de transparence et saluée dans son intention. Cependant, grande fut la surprise de plus d’un d’entre eux, constatant des erreurs flagrantes dans la méthode de calcul ainsi que les résultats dans ces procès-verbaux estampillés du logo du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC).

Certains électeurs, comme M. Henry Lotin, ont sorti les calculettes pour être surs de prendre la bonne décision le moment venu soit en participant à des manifestations de contestation des résultats qui seront publiés par le conseil constitutionnel soit en en décidant de s’en abstenir.

« Ce qui se passe actuellement au Cameroun est suffisamment grave pour qu’une fois de plus, je dévie de ma ligne éditoriale. Je vois des Camerounais prêts à donner leurs vies sur la base d’un mensonge éculé », écrit M. Lotin.

Et d’ajouter : « Avant de vous engager dans une lutte, rassurez-vous que votre combat est juste ».

Puis de renchérir : « Pour ma part, je ne suis pas prêt à mettre ma vie en danger sur la base d’un mensonge ».

En compilant la totalité des votant dans les 18 départements de l’échantillon de l’équipe du candidat Issa Tchiroma Bakary, M. Lotin aboutie au pourcentage de 56% plutôt que les 80% annoncés par celle-ci.

Cette inadéquation intervient après d’autres anomalies relevés sur les chiffres, notamment aux pourcentages attribués aux candidats Cabral Libii (1 758 pour 1,67%) et Tomaïno Ndam Njoya (819 pour 1,78%) dans le département du Wouri. Des incohérences auxquelles s’ajoutent d’autres absurdités qui n’ont pas échappé à la vigilance des observateurs.

Malgré la montée de quelques points de tensions, avec des manifestations brèves dans les villes de Douala, Dschang, Garoua et Maroua, ces nombreux illogismes ont porté un sérieux coup à l’image du candidat Tchiroma ainsi que ses revendications de « victoire ».

Dans les espaces d’échange, l’impact de cette grossière erreur de communication de l’équipe du candidat Tchiroma ouvre la voie royale, dans l’opinion, au Conseil Constitutionnel désormais perçu comme le seul organe jouissant d’un minimum de crédibilité pour proclamer les vrais résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier. Et dans cette perspective, l’idée d’une nouvelle victoire du candidat sortant, Paul Biya, semble prendre une certaine ombolie dans les réactions en ligne et, mieux encore, emporter l’adhésion populaire sans véritable risque de tensions sociales.

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