Directeur de publication : Peter Ashanty

A la pointe de la technologie Blockchain, le Centrafrique continue de mettre en œuvre sa démarche de financement de son économie à partir du digital. Cette fois-ci, le pays du Président Faustin Archange Touadéra s’illustre par un projet de tokenisation de 1700 hectares de terres grâce à son Memcoin $CAR.
Ces terres, situées à l’ouest du village de Bossongo, à environ 45 km de la capitale Bangui, seront accessibles en ligne via la blockchain Solana, à partir de juin. Le président a communiqué l’information sur les réseaux sociaux :
« À partir de juin, les concessions foncières seront accessibles en ligne via le $CAR, directement sur Solana. Une nouvelle ère d’accès et de transparence commence », écrit le Président Faustin-Archange Touadéra sur son compte X.
Cette décision s’inscrit dans la stratégie plus large du pays visant à intégrer la cryptomonnaie dans son développement national. Elle fait d’ailleurs suite à des lois adoptées en 2023 sur la tokenisation des ressources naturelles, suggérant que ces terres pourraient être utilisées à des fins minières.
Le lancement du $CAR en février dernier avait déjà marqué un tournant pour la République centrafricaine et le Président Touadéra avait alors présenté le jeton comme une expérience visant à unir les citoyens et à mettre en lumière le pays sur la scène mondiale.
En effet, malgré un pic initial de capitalisation boursière à 884 millions de dollars, la valeur du $CAR a chuté en raison d’un manque de clarté sur son utilité. Actuellement, le jeton est en hausse de 21 % sur la journée, atteignant 0,05 $, mais reste en baisse de 92,7 % par rapport à son sommet historique.
La tokenisation des terres intervient alors que le projet précédent du pays, le Sango Coin, est en train de se terminer. Lancé en 2022, il visait à devenir la monnaie numérique nationale, mais a rencontré des difficultés et a déclenché de nombreuses controverses. En avril, l’équipe derrière le projet a annoncé qu’il ne continuerait pas sous sa forme actuelle, bien qu’un redémarrage soit envisagé.
Selon les experts, l’Afrique, avec ses vastes ressources naturelles, ses opportunités économiques et son adoption croissante des technologies numériques, est en position unique pour tirer parti de la tokenisation des actifs. Ce processus innovant, qui consiste à représenter des actifs physiques ou intangibles sous forme de jetons numériques sur une blockchain, constitue un atout majeur pour transformer les secteurs clés du continent, notamment les matières premières, les droits miniers et l’immobilier. Cependant, cette transformation ne peut s’avérer durable que si elle s’appuie sur un cadre réglementaire robuste et visionnaire.
En fait, ces jetons permettent des échanges sécurisés, transparents et souvent sans intermédiaire. Ils peuvent représenter : des matières premières (Or, pétrole, diamants ou produits agricoles) ; des droits miniers (Licences ou parts dans des concessions) ; l’immobilier (Fractionnement de la propriété de terrains, bâtiments ou logements) ; des actifs culturels (Œuvres d’art, monuments historiques ou contenus musicaux).
En fragmentant les actifs en parts accessibles, la tokenisation permet aux investisseurs de petite ou moyenne envergure d’y accéder, tout en facilitant leur négociation à l’échelle mondiale.
Les spécialistes de la cybersécurité estiment que la blockchain, en tant que base technologique, garantit une traçabilité immuable des transactions. Elle contribue à réduire la corruption dans la gestion des ressources naturelles et à renforcer la confiance des investisseurs grâce à des registres publics et vérifiables.
Selon Custom Market Insights, le marché mondial de la tokenisation immobilière pourrait d’ailleurs atteindre une capitalisation de 19,4 milliards de dollars d’ici à 2033. Avec une croissance annuelle de 21 %, la tokenisation pourrait transformer l’immobilier résidentiel, commercial et industriel. Alors que les Émirats arabes unis continuent de se positionner globalement comme le centre névralgique pour les cryptomonnaies, La tokenisation des terres via le $CAR pourrait permettre au Centrafrique d’assurer le leadership d’attraction des investissements etrangers via les plateformes digitales en Afrique Centrale.
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